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Épisodes
de la vie
d'Abdu'l-Bahá

En commémoration du Centenaire
de l'Ascension d‘Abdu’l-Bahá
le 28 novembre 1921

Lisez la série qui se déroule ici.




Épisode 9

2 novembre 2021

L'aliment essentiel dans la nuit la plus sombre

« O vaisseau, qu'est-ce qui te fait osciller si gracieusement ? »
— Bahíyyih Khanum, en voyant le navire d'Abdu’l-Bahá dans le port de Haïfa.



Le Maître rentrait enfin à la maison. La communauté bahá’íe entière de la région était dans un tourbillon d'activité alors qu'elle se préparait avec enthousiasme à son retour, même si des rapports indiquaient qu'il était fragile et épuisé par son long voyage. Les membres de la maisonnée, supervisés par sa sœur, Bahíyyih Khanum, préparaient ses plats préférés avec enthousiasme, et de nouveaux vêtements pour le Maître étaient cachés de peur que s'il découvrait qu'il avait des surplus, il les donnerait. Le 5 décembre, le navire transportant le Maître est finalement apparu dans le port de Haïfa, ce qui a apporté une joie indescriptible à la famille, aux croyants et aux pèlerins en visite.

'Abdu’l-Bahá était si fatigué qu'après avoir embrassé la famille, il se rendit directement dans sa chambre pour se reposer un peu, mais revint bientôt et s'adressa à ceux qui étaient réunis : « Après la fin de trois ans, je retourne à nouveau en Terre Sainte. Sans l'assistance et la protection de la Beauté Bénie, je n'aurais jamais eu le moindre espoir de revenir d'un si long voyage. […] Partout où j'allais, mes pensées étaient à ‘Akká. J'ai voyagé dans de nombreux pays, mais aucun endroit ne pouvait égaler cela. […] Il y a beaucoup d'endroits dans d'autres pays qui sont célèbres pour leur grandeur, mais ici les vues sont de la délicatesse divine et de la douceur du Créateur. »

'Abdu'l-Bahá et son épouse Munírih Khanum firent plus tard un voyage en Galilée et aux sources chaudes de Tibériade pour un rajeunissement bien nécessaire. Ils sont restés un mois, et bien qu'il n'y ait pas eu beaucoup de monde au début, il n'a pas fallu longtemps pour que des foules de gens viennent rendre visite au Maître. Il a également visité Adasiyyih, une communauté agricole près de la vallée du Jourdain dont il avait acheté la terre au début du 20ième siècle, près de l'endroit où le Christ avait autrefois nourri la multitude avec du pain et du poisson.

A leur retour, le Maître dit à la maison d'accueil : « C'est un lieu de réclusion et de contemplation. C'est un endroit sanctifié par la présence de Sa Sainteté le Christ. Souvent, il marchait le long du rivage de la mer de Galilée, et pendant sa marche, il instruisait ses disciples. Alors que je marchais sur le rivage, ces actes immortels ont été ramenés à ma mémoire. »

La paix et la tranquillité de la maison n'ont cependant pas duré. Le 28 juin 1914, l'archiduc Ferdinand d'Autriche et son épouse furent assassinés à Sarajevo, en Bosnie. Dès le lendemain, 'Abdu’l-Bahá envoya tous les pèlerins occidentaux et quelques bahá'is iraniens chez eux pour leur sécurité, et un mois plus tard, la première guerre mondiale commença pour de bon.

En août 1914, le Maître a accepté une invitation de Shaykh Salih, le chef de la communauté druze à l'extérieur de Haïfa, de déplacer les bahá'ís et leurs enfants en lieu sûr dans le village d'Abu Sinan. Quelque 140 adultes et autant d'enfants ont été hébergés par les Druzes, une secte mêlant le judaïsme, le christianisme et l’islam. 'Abdu’l-Bahá, n'y est pas resté, faisant la navette entre Abu Sinan et Haïfa-'Akká afin d'aider les gens dans les deux communautés.

Au début de 1915, le Turc Jamal Pacha a pris la direction de la Syrie et a envahi la Palestine, instituant un régime cruel et répressif, exécutant tous ceux qu'il croyait être des traîtres, prouvés ou non. Il n'a pas fallu longtemps aux ennemis du Maître pour sortir à nouveau de l'ombre et répandre des mensonges calomnieux sur 'Abdu’l-Bahá.

Donné à une témérité meurtrière, Jamal Pacha a promis de crucifier 'Abdu’l-Bahá après avoir conquis l'Égypte, mais le Maître était calme et confiant et s'occupait de son service quotidien à la communauté, ne fermant jamais sa porte à personne et s'occupant des pauvres tous les jours. Jamal Pacha a perdu de nombreuses batailles contre les Britanniques, et contre le général Edmund Allenby en particulier. À la bataille de Megiddo fin septembre 1918, les forces turques ont finalement été balayées comme un château de cartes. Le Maître et tous les bahá’ís étaient en sécurité, tout comme le peuple de Palestine, bien que de nombreuses vies aient été perdues dans le processus.



Malgré que Haïfa n'ait jamais été bombardée, le blocus naval, le pillage constant de la ville par les soldats turcs, l'appropriation de toute la nourriture disponible par les Allemands et les Turcs et une invasion de sauterelles formaient une confluence parfaite de forces malveillantes qui menaçaient une famine généralisée. Dans un mouvement prémonitoire, dès 1912, 'Abdu’l-Bahá avait ordonné aux fermiers bahá'ís d'Adasiyyih de cultiver différents types de céréales ainsi que du maïs, mais au lieu de les vendre, de les stocker dans d'anciennes fosses de stockage romaines qui n'ont jamais été découvertes pendant la guerre. Le Maître a ensuite supervisé l'opération progressive de distribuer le grain et le maïs dans la région de Haïfa-‘Akká juste après la capture de la Palestine par les Britanniques en 1917, et, ce faisant, a sauvé le peuple reconnaissant de la famine.

Le 27 avril 1920, le Maître accepta à contrecœur de recevoir le titre de CEB, Chevalier de l'Empire britannique, pour son rôle dans l'alimentation des habitants de la région pendant la guerre. Bien que la belle voiture du gouverneur ait été envoyée chercher 'Abdu’l-Bahá, quand il a vu son chauffeur Isfandiyar, qui l'avait servi pendant tant d'années, l'air si abattu, il hocha la tête et il partit. Bien qu'il fût bientôt fait chevalier Sir 'Abdu'l-Bahá Abbás, un titre qu'il utilisait rarement, le Maître arriva dans une humble calèche conduite par un Isfandyiar rayonnant.


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