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Vignette 7

28 août 2019

LA MONTAGNE OUVERTE

Peu de temps après la proclamation du Báb dans la mosquée de Vakil, le gouverneur observait incrédule que l'étoile du Báb brillait encore plus lumineuse dans la population. « Je jure par la couronne impériale de Muhammad Sháh que cette nuit même, je vais exécuter le Siyyid-i-Báb avec ses misérables compagnons ! Par cet acte, j'aurai détruit une hérésie dont la survie constitue la plus grande menace pour les intérêts de l'état. »



Le Báb et ses compagnons ont été arrêtés par la suite à la maison de son oncle. Il a accepté les évènements dans sa vie comme Il le faisait toujours, avec une grande dignité et calme, mais comme ils étaient escortés sous garde, Il a continué de répéter le même verset du Coran : « Les menaces sont pour le matin. Le matin n'est-il pas proche? » Bientôt, les gardes aperçurent des gens qui couraient ici et là effrayés et des corps couverts de linceuls transportés dans les rues. Une épidémie de choléra venait d’éclaté. Confus, le constable en charge se rendit au palais du gouverneur et s’est rendu compte qu'il s'était enfui avec sa famille, ne laissant derrière lui qu’un serviteur mourant. L'effroi grandissait dans son cœur comme un arbre puissant lorsqu’il conduisit le Báb chez lui, où il retrouva sa famille pleurant sur son fils mourant.

« Je t’adjure, par Celui qui t'a élevé à cette position exaltée, d'intercéder pour moi et d'offrir une prière pour le rétablissement de mon fils. Ne le punissez pas pour ce que son père a commis. Je me repenti de ce que j'ai fait, et en ce moment même démissionne de mon poste. Je donne ma parole solennelle que plus jamais je n'accepterai un tel poste, même si je devais mourir de faim. »

Le Báb, qui faisait ses ablutions pour ses prières de l'aube dit au gendarme de prendre une partie de l'eau qu'il avait utilisé pour laver son visage et de la donnée à boire à son fils. Lorsque le garçon montra des signes de récupération, le gendarme écrit au gouverneur et, en lui remettant sa démission, l’a conseillé de laisser partir le Báb de Shíraz en paix sinon toute la ville serait victime de ce fléau. Le gouverneur lâche consenti. Le Báb pris la route pour Isfáhán après avoir confié son épouse et sa mère aux soins de son oncle. Il ne les reverrait plus jamais. Quand le Báb arriva à Isfáhán, Il s'est retrouvé sous la protection du gouverneur, Manúchihr Khán dont son admiration pour le Báb avait grandi au cours de leur association.

Déterminé de sauver le Báb après que près de 70 autorités religieuses de la ville ont déclaré le Báb un hérétique qui devrait être exécuté, le gouverneur a ordonné un régiment de 500 soldats pour l’escorter hors de la ville pour sa protection. Ces soldats se sont progressivement divisés en groupes et sont repartis pour différentes missions, le laissant finalement avec 10 des soldats les plus dignes de confiance qui ont ensuite escorté le Báb secrètement de retour à la maison du gouverneur, où il est resté pendant quatre mois. Pendant son séjour, le Báb a informé Manúchihr Khán que sa vie allait bientôt prendre fin, ce qu'il a accepté avec joie, car il était maintenant un Bábí. Quelques jours après le décès du gouverneur, le Báb a été découvert et arrêté par son successeur, Gurgín Khán. Le Sháh, cependant, était désireux de faire la connaissance du Báb et par décret royal demanda qu'il soit escorté à Téhéran.

Il y avait un problème, toutefois, soit le premier ministre du Sháh Hájí Mírzá Aqasí, stupide et craintif. Il avait été le tuteur du Sháh et son inexpérience et incompétence l’avait mené à la ruine et à la désolation. Il avait amassé une grande richesse au détriment des autres, prenant de mauvaises décisions politiques et détruisant les gens et les terres avec un abandon égal. Cependant, dans les yeux du Sháh, il ne pouvait pas faire de mal.

Hájí Mírzá Aqasí avait d'abord prêté peu d'attention aux revendications du Báb jusqu'à ce que Vahid, le plus grand érudit religieux, était devenu un Bábí. Bien que le Báb avait écrit des tablettes au Sháh lui demandant une audience et offrant même de le guérir de son affliction de toute une vie – l’hydropisie – le premier ministre a décidé secrètement qu'ils ne devaient jamais se rencontrer. Par conséquent, le voyage du Báb à Téhéran a été contourné et il a été envoyé à la prison forteresse froide de Mah-Kú dans les montagnes d'Azerbaïdjan. Cette misérable prison a été nommée la Montagne Ouverte par le Báb, dont les disciples, une fois qu'ils ont découvert ses allées et venues, ont fait néanmoins le long pèlerinage pour voir leur bien-aimé. Cela a beaucoup intrigué ‘Alí Khán; le gardien arrogant et brutal de la prison.



Un matin, alors qu'‘Alí Khán se dirigeait vers la prison, il aperçut soudain le Báb chantant des prières, les mains levées, au bord de la rivière. Il descendit de son cheval et projeta de le réprimander, mais comme il s'approchait, il a constaté qu'il ne pouvait pas déranger ses prières, alors il a décidé de punir les gardes à la place. Lorsqu’il atteint la forteresse, toutefois, il fut stupéfait de découvrir que les portes étaient verrouillées et qu'il devait frapper pour pouvoir entrer. Une fois dans la cellule de la Báb, il fut choqué de le trouver là-dedans, dictant tranquillement à sa secrétaire. ‘Alí Khán s’est senti soudainement accablé. Son monde entier changea et, se jetant aux pieds du Báb, le pria d'éclaircir sa confusion.

« Ce que vous avez vu, » répondit le Báb, « est vrai et indéniable. Vous avez abaissé cette révélation et avez méprisé son auteur. Dieu, le tout-miséricordieux, désireux de ne pas vous affliger de sa punition, a voulu révéler à vos yeux la vérité. Par son intercession divine, Il a inculqué dans votre cœur l'amour de son Élu et vous a permis de reconnaître la puissance incontrôlable de Sa foi. »

A partir de ce moment, la dévotion d‘Alí Khán n'a connu aucune limite. Bientôt, les portes de la forteresse ont été ouvertes large à tous les croyants, et il fit en sorte que le Báb ait une bonne nourriture et assez de lumière, le traitant plutôt comme un invité estimé qu'un prisonnier. Les habitants kurdes sont également tombés amoureux du Báb, et chaque matin ils espéraient l’apercevoir à la fenêtre de sa prison ou d'entendre sa voix douce chantant des prières.

Une fois que Mullá Husayn reçu les nouvelles que le Báb était à Mah-Kú, il a résolu de voyager à pied pour lui rendre visite, avec un homme nommé Qambar 'Ali. La veille de leur ‘Alí Khán fit un rêve que le prophète Mahomet et un compagnon venaient visiter le Báb. Quand il les vit arriver, il s'agenouilla aux pieds du prophète Mahomet et embrassait l'ourlet de sa robe quand il se réveilla. Ce rêve était si réel que le lendemain matin, il prépara trois chevaux pour leur arrivée et quitta la forteresse à la recherche des visiteurs. Lorsqu’il les a vus approcher à pied, il est instinctivement tombé aux pieds de Mullá Husayn et leur a offert ses montures pour leur confort.

« Non, j'ai juré d'accomplir l'ensemble de mon voyage à pied » répondit un Mullá Husayn. « Je marcherai jusqu'au sommet de cette montagne et là je rendrai visite à votre prisonnier. » Quand il aperçut le Báb debout près de la porte, il se baissa immédiatement et s'inclina bas devant lui, son cœur éclatant d'amour et d’émerveillement. Ils sont restés neuf jours à Mah-Kú.

Quand il fut temps pour Mullá Husayn et Qambar ‘Alí de partir, le Báb leur dit que bientôt il serait transféré dans une autre prison. Il dit à Mulla Husayn qu'il devait retourner comme il était venu, à pied, mais que ses jours de grande équitation et de bravoure étonnante étaient encore à venir, et que ses actes dépasseraient celles des héros du passé. Il lui a dit de visiter les villes et les villages sur le chemin du retour et de donner son amour et ses salutations à ses proches, puis de procéder à Mazíndarán où un trésor caché serait mis en évidence devant ses yeux.


Il ne fut pas long avant que Hájí Mírzá Aqasí reçu des rapports que la foi du Báb croissait de plus en plus même parmi les Kurdes fanatiques et que ‘Alí Khán permettait que le Bábis rencontrent le Báb sans entrave. Soucieux d'étouffer cette situation dangereuse dans l'œuf, neuf mois après son arrivée à Mah-Kú, le Báb a été envoyé à Chihríq, encore une autre forteresse de montagne dans la région.


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